Les effets psychologiques de la méditation
La plasticité cérébrale
La neuropsychologie de la méditation
Aujourd’hui, il n’existe pas une explication unique permettant la compréhension des effets psychologiques de la méditation. Mais les études réalisées sont suffisamment approfondies pour retenir notre attention.
Les neurosciences, grâce à l’imagerie cérébrale, mènent les recherches les plus fertiles dans ce domaine.
Quels phénomènes opèrent dans notre cerveau et dans notre esprit lorsque nous méditons ?
La métacognition
« Méditez et vous comprendrez. »
Proverbe Oriental
La métacognition désigne la « connaissance de la connaissance ». Il s’agit de ce que tu connais de tes fonctionnements cognitifs et de tes capacités. Ainsi, tu disposes un savoir sur ce que tu sais, ce que tu penses et ce que tu ressens.
La conscience métacognitive est la capacité à se décentrer de ses pensées et de ses émotions. Elle permet de réaliser qu’elles ne te définissent pas, qu’elles ne sont que transitoires et qu’elles ne sont pas le reflet exact de la réalité.
Elle repose notamment sur :
—– ⤳ la régulation de l’attention
—– ⤳ la gestion des émotions
—– ⤳ l’expérience de soi
La régulation de l'attention
L’attention désigne notre capacité à sélectionner les informations perçues en fonction de l’intérêt que nous y portons.Ces informations peuvent provenir :
— ⇨ du monde extérieur, on parle alors d’attention sélective.
— ⇨ du monde intérieur, on parle alors d’attention exécutive.
Pour exercer ton attention, il est nécessaire de demander à ton esprit d’être attentif à une cible. Mais l’attention est labile. Une pensée ou une perception suffit à te distraire. Ton esprit vagabonde ! Pour poursuivre l’exercice de ton attention, tu dois donc la réorienter vers la cible choisie initialement.
C’est exactement le processus mis en oeuvre dans la méditation, à savoir prendre conscience que ton esprit est ailleurs et revenir, sans critiquer ce vagabondage, vers l’instant présent.
La pratique régulière de la méditation provoque une amélioration globale du système attentionnel. En méditant, tu seras capable :
—– ⤳ d’orienter ton attention vers un élément que tu estimes prioritaire
—– ⤳ de maintenir ton attention plus facilement sur cet élément
—– ⤳ d’être plus flexible pour réorienter ton attention, si cela est nécessaire
La régulation des émotions
Les émotions sont à une réponse physiologique et comportementale du système nerveux à un stimulus. Elles ont pour but la survie de l’espèce et font partie depuis bien longtemps de l’évolution de l’Homme.
La plupart du temps, tu es capable de réguler tes émotions, d’influencer le moment de leur apparition et ta manière de les exprimer.
Néanmoins, dans certaines circonstances, chacun présente une sensibilité accrue. Les émotions sont alors d’une grande intensité et ont du mal à s’apaiser.
Cela peut nous arriver à tous, sans pour autant que cela soit qualifié de pathologique.
La souffrance émotionnelle résulte, bien souvent, davantage de la non-acceptation de l’émotion que de l’émotion en elle-même. La méditation de pleine conscience te permet alors d’accepter les expériences agréables et désagréables sans chercher à prolonger les premières ou à éviter les secondes.
Elle facilite la régulation émotionnelle, grâce à l’accueil des émotions, sans jugement. Cela favorise la mise en place d’une réponse différente, moins marquée affectivement. On observe une diminution de :
—- ⤳ L’intensité de l’émotion
—- ⤳ La durée de l’émotion
—- ⤳ La rumination mentale
En somme, la réaction émotionnelle est amoindrie.
Durant la méditation, l’observation des émotions avec une attitude bienveillante permet une moindre réactivité à tes émotions, grâce à trois processus mentaux :
— ⇨ l’observation de tes émotions
— ⇨ l’identification de tes émotions
— ⇨ la prise de distance par rapport à tes émotions
Il t’est alors permis d’envisager tes émotions et tes pensées comme des événements mentaux auxquels tu ne t’identifies pas.
Parmi les effets psychologiques de la méditation, on retrouve la modification du vécu de nos émotions, en particulier négatives, en diminuant notre réactivité et en favorisant un retour plus rapide à la normale.
L'expérience de soi
Chacun de nous souhaite « mieux se connaître ». Cela nécessite de s’écouter, de s’observer, de prendre le temps de la rencontre avec soi-même. C’est ce que l’on appelle «faire l’expérience de soi» ou encore une autoanalyse.
Mais cela n’est pas toujours facile, nous sommes sous l’influence de l’avis des autres, des stéréotypes, de ce qu’il est bien vu de penser ou bien de sentir.
Alors, comment faire ?
Dans la méditation de pleine conscience, tu adoptes une attitude curieuse pour découvrir où ton esprit va lorsqu’il vagabonde. Le but visé n’est pas de changer ce que tu penses ou ce que tu ressens, mais bien d’accueillir toutes tes pensées, tes sentiments, tes sensations comme importantes à considérer et à observer.
Le maître mot est l’acceptation de chaque moment de ton expérience. Cela nécessite de prendre consciemment la décision d’être ouvert et réceptif à ce qui te passe par la tête lorsque tu médites.
Cette curiosité et cette acceptation t’amènent à :
—- ⤳ cesser de vouloir éviter certains aspects de ta vie
—- ⤳ changer ta manière d’appréhender les aspects négatifs de ta vie
Cesser de réagir de manière automatique ou de juger sans cesse ce que tu penses ou ce que tu ressens te permets une meilleure expérience de soi et la possibilité de réagir différemment.
En somme, la méditation offre une meilleure expérience de soi grâce à l’adoption d’un état d’esprit ouvert, curieux, fondé sur l’acceptation et le non-jugement. Elle te permet donc de mieux comprendre la nature de ton esprit, de tes pensées et de tes sentiments.
« C’est incroyable comme la vie devient belle quand on prend un moment pour s’arrêter. »
Anonyme
Bibliographie
Bishop Scott et al. Mindfulness : A Proposed Operational Definition. Clinical Psychology : Science and Practice, vol. 11, no 3, 2006, p. 230‑41.
Isnard Bagnis Corinne. La méditation de pleine conscience. Presses Universitaires de France, 2017
Isnard Bagnis Corinne. La pleine conscience au service de la relation de soin. Méditer pour mieux soigner. De Boeck Supérieur, 2017
Midal Fabrice. La méditation. Presses Universitaires de France, 2017
Ngô Thanh-Lan. Revue des effets de la méditation de pleine conscience sur la santé mentale et physique et sur ses mécanismes d’action. Santé mentale au Québec, vol. 38, no 2, 2014, p. 19‑34
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